Marianne Chevalier

Artiste estampière, je compose mes images à partir d’un inventaire de fragments issus de photocopies d’anciennes gravures encyclopédiques, de motifs et de textures. La provenance de ces morceaux de papier photocopié est diverse: peintures anciennes, motifs de vêtements et de tapisseries, textures de la photocopieuse, planches encyclopédiques de la Renaissance, gravures publicitaires du début du siècle et de l’époque victorienne, textures de cheveux et de peau photocopiées, etc. Je décontextualise des éléments connus et les réassemble avec d’autres; je crée ainsi une nouvelle réalité. Les entités nées de ces collages semblent être issues d’un conte oublié à saveur onirique et auréolé d’une ambiance parfois inquiétante. La manière arbitraire avec laquelle je crée mes collages s’apparente sensiblement au fonctionnement de la mémoire, où le stockage de données est constamment bougé, remanié, réagencé, ce qui ouvre sur un foisonnement en constante expansion. Ce jumelage d’éléments s’organise généralement sous forme de créatures et de portraits imaginaires, se situant entre le figuratif et l’abstraction. Les collages terminés, je les traduis en calques afin de les sérigraphier en couleurs vives sur papier ou sur panneaux de bois. Étant, dans une autre sphère, illustratrice de livres pour enfants, le côté « récit » est un aspect important de ma démarche. Inspirée par les contes de fées dans leur version d’origine, par les mythologies, les imageries alchimiques et les fabliaux du Moyen-âge, je m’intéresse à l’ambiance brutale et inquiétante qui émane de ces sources imagées. Je cherche à recréer des univers graphiques où ces « états » sont palpables. Je désire communiquer un monde étrange, provenant directement de mon inconscient, fondé sur des images spontanées, brutes et oniriques.