Normand Rajotte

Arts visuels

PROFIL DE L'ARTISTE

Normand Rajotte

Biographie

Normand Rajotte débute sa pratique photographique au milieu des années 1970 dans le mouvement des groupes qui, à cette époque, documentaient la société québécoise. En 1978 paraît, aux Éditions Ovo, Transcanadienne Sortie 109, un essai sur sa ville natale, Drummondville, dont il est un des coauteurs. Le but du projet était de souligner l’importance du monde ouvrier dans le quotidien de cette ville industrielle. C’est l’un des rares projets de ce genre à avoir été publié à l’époque.

Début des années 1980, changement de cap, il adopte par le truchement du paysage une démarche plus intérieure, axée sur son rapport à la nature. Les titres des séries qu’il réalise alors sont très évocateurs de la démarche qu’il entreprend: Dans les coins oubliés, à la recherche des dieux tranquilles (1983-1986); Des après-midi sans bruit (1989-1990); Entrer dans les terres (1997-1998). Ces séries, qui ont fait l’objet de plusieurs expositions, sont réunies sous forme d’extraits dans un ouvrage intitulé Marcher sa trace, paru en 2004 aux Éditions Les 400 coups.

Depuis 1997, son investigation s’est concentrée sur un territoire plus restreint, une forêt autour d’un massif montagneux, le mont Mégantic. Ce territoire, il le revisite et l’explore depuis de manière continue. Les photographies de Normand Rajotte se retrouvent dans les collections du Musée national des beaux-arts du Québec, du Musée canadien de la photographie contemporaine et du Musée des beaux-arts de Montréal. Il a aussi été boursier du Conseil des arts du Canada et du Conseil des arts et lettres du Québec. Son travail a été exposé au Québec et au Canada.

Normand Rajotte vit à Montréal et travaille principalement en Estrie.

Démarche artistique

En 1997, après m’être installé dans une région boisée du sud-est du Québec (Mont Mégantic), j’ai choisi de porter mon attention sur le territoire de quelques kilomètres carrés qui m’entourait. Depuis je le parcours de façon continue, année après année, de saison en saison. Je m’arrête sur ce qui m’intrigue et repère les signes de changement. De l’avancée de la végétation aux traces laissées par l’activité animale et parfois humaine.

L’évolution physique que j’y observe se fait en parallèle avec ma propre évolution. Mes découvertes m’emmènent toujours plus loin dans ma recherche. De nouvelles pistes se dessinent au fur et à mesure que j’en prends conscience, que je suis prêt à les voir, à les suivre. Pour y arriver j’adopte une approche lente, une attitude méditative. Je creuse mon sujet. Le défi étant chaque fois de renouveler le regard.

Sans recherche ou documentation préalable, mon approche s’appuie d’abord sur l’observation, ce qui me donne l’impression, au cours de mes itinéraires, de renouer avec une dimension primitive de l'humain face aux éléments, à ses questionnements initiaux. Avec le temps, ce territoire est devenu intime. J’y redéfinis patiemment mon rapport au lieu. Par la photo, je veux témoigner de ce processus, en garder des traces.

Gaston Bachelard traduit bien l’état d’esprit dans lequel je travaille :« La nature, on commence par l’aimer sans la connaître, sans la bien voir (…).Ensuite, on la cherche en détail parce qu’on l’aime en gros, sans savoir pourquoi. » L’eau et les rêves, p. 132