Mélanie Denis

Mes créations sont des pièces uniques de joaillerie faites d’argent sterling mettant l’accent sur l’incorporation de différents médiums tels le collage, le dessin et la récupération de matières désuètes. La présence de verre d’abribus cassé, de vieux billets de stationnement, de plaques d’acier rouillées et de morceaux de béton dans mes anti-bijoux me permet de prolonger la vie de ces matières tout en leur donnant une raison d’être. C’est en quelque sorte l’idée de perpétuer l’existence de ces objets utilitaires, de marquer leur passage dans nos vies, de leur donner la chance d’y laisser leurs traces tout en conservant l’importance de leur charge historique, culturelle ou sentimentale qui me motive à créer mes pièces de joaillerie. Cette récupération de matières usuelles vient aussi d’une volonté de débanaliser ce que nous utilisons tous les jours et que nous ne voyons plus, de souligner et de faire l’éloge d’objets de notre ère contemporaine, époque encourageant la surconsommation et la surproduction de biens, souvent inutiles à nos besoins.

Par ailleurs, le contraste de matières est omniprésent dans mes pièces. La fragilité et l’éphémérité des graphiques parfois « trash » coulés sous une résine limpide s’opposent à l’effet déconstruit et industriel des masses métalliques ou des pièces de béton. L’idée ici est de négliger la matière, de la briser, de la tordre ou de la froisser, pour évoquer le passage du temps sur le monde qui nous entoure. Cette distorsion faite à l’argent sterling vient aussi remettre en question l’idée que cette matière est noble et qu’elle doit être présentée dans une facture léchée et précieuse.